Wild Classical Music Ensemble, Gontard!, Facteur Cheval • 9 mai 2015 • Grand Salon (Botanique) Bruxelles
Après un passage au drink d'ouverture des Nuits Botanique coïncidant avec le vernissage de l'exposition "Penser", un petit tour dans les jardins balayés par les sbires d'Éole, fort courroucé en ce samedi où Charles Piqué lors de la séance académique d'ouverture de la fête de l'Iris postule "Ce n’est pas un plaisir quand il faut rappeler à certains, qu’un mot -génocide- désigne un drame historique. La réalité historique a des droits.", tu prends la direction du Musée, devenu Grand Salon le temps du festival, pour assister aux concerts de Wild Classical Music Ensemble, Gontard! et Facteur Cheval, une soirée Humpty Dumpty.
Facteur Cheval A 19:55' quatre pelés, pas de tondu, disséminés dans le coquet boudoir, attendent le bon vouloir des saltimbanques ayant usurpé l'identité de Joseph Ferdinand Cheval, le brave moustachu ayant édifié, à Hauterives, son Palais Idéal. 20:02, les visiteurs se comptent sur les doigts de deux mains, 20:05, Jésus a multiplié les pains, vingt bâtards attendent le bon vouloir de Carl Roosens (Carl et les Hommes en Boîte): slam, gestuelle épileptique, machinerie bruitiste/Damien Magnette: batterie/Nicolas Gitto: guitare et Christophe Rault: claviers. Damien et Nicolas ne sont pas soft mais Zoft, un duo math-rock ne dédaignant pas les aventures empiriques,Christophe Rault, alias Tanakan, se dit collectionneur de sons de cloches. Oublie le conventionnel, ça va chier! Préavis, t'es pas fan du tout de Carl, déjà croisé à maintes reprises, sa scansion détraquée et son discours pseudo-branché te refile des boutons, il a tout de l'imposteur essayant de te vendre une camelote qui pue vachement le fake. Premiers hennissements de Carl déjà sérieusement ébranlé, comme en état de tension extrême, sur fond noise rock avant-gardiste, assez proche des efforts de Castus. Clément Nourry derrière-toi apprécie le travail de Nicolas Gitto et de ses comparses, tandis que Carl semble entamer une lutte sans merci avec le câble du micro, comme s'il voulait tordre le coup d'un adversaire haï. En l'entendant et en le voyant gesticuler c'est 'Le Cri' d'Edvard Munch qui s'imprime sur la voûte de ton crâne. 'Comme Robocop'/'Stupide homme blanc', non, tu n'accroches pas plus qu'auparavant aux lyrics faussement intellectuels clamés façon slam par l'illuminé. 'Trois cailloux': tour à tour, le Petit Poucet, les Rolling Stones, Marguerite la vache de Fernandel, Di Rupo faisant les yeux doux à Merkel, un burcht anversois, Jolly Jumper et Tristan Tzara se bousculent au portillon, les divagations de l'onaniste ont au moins le mérite de mettre au boulot tes cellules sclérosées. 'Boucle' il dit, tu rêvais, t'essayais d'attacher la ceinture. Levez-vous, clame la guitare. Suis pas Lazare, je reste assis, son copain nous narre les aventures sordides d'un pigeon crève-oeil, trois ou quatre agités s'en viennent bousculer Nicolas, t'as décidé de ne pas participer à la sauterie commençant furieusement à ressembler à une séquence de Vol au dessus d'un nid de coucou. Dernière diatribe ('Dieu l'organique'?) du disco math rock invitant à la dépense d'énergie. Rien à faire t'encaisseras jamais les élucubrations de ce poseur! Gontard! L'évêque de Valence ayant fait ériger la Cathédrale Saint-Apollinaire? Un descendant! Des gens de Grenoble tiennent à te mettre au parfum: "Connu pour être le frontman du groupe Nubuck, le Rhônalpin Chris Gontard débarque seul avec un album décalé et ludique." Un album? 'Bagarres Lovesongs', sans doute! 'Bagarres Lovesongs' atteste de l’élan vital d’un MC entre pop et punk. A découvrir dixit des gens en Drôme! Dromen-dream-rêver: nous, on a supporté un magouilleur masqué adepte du sampling iconoclaste te balançant de vieux titres pourris, les malmenant et ne les laissant pas arriver au terminus. Tu te dis, c'est quoi ce bourrin que même ton arrière-grand-mère n'aurait pas voulu comme passeur de 78 tours pour animer la soirée d'anniversaire de son perroquet, grand fan de Maurice Chevalier. Une nouvelle fois, tu dois amèrement constater que t'as rien compris, que t'es vieux, dépassé, avachi, facho, et probablement pire encore, car ce que certains de tes voisins cataloguaient de génial, t'as trouvé ça tellement merdique que soudain tu t'es pris une envie d'aimer Rika Zaraï et même, pour faire chier les bonnes consciences, Michel Sardou! Donc Gontrand Pilchard est un poète et toi, t'es un analphabète! |
On ne va pas te citer de titres, ni te décrire cette performance foireuse car on risque d'utiliser un vocabulaire scatologique.
Tout au plus, parlera-t-on d'un ramassis de conneries sur fond musical hétéroclite: 'Jeux interdits', 'Careless Whispers', une valse de Strauss..., de citations cinématographiques "je suis parti de rien pour arriver nulle part" (Groucho Marx), nulle part, il aurait mieux fait d'y rester, souffle Marie-France, une vieille, à sa copine, une pas jeune. Ringard, précieuse ridicule, pingouin gaffeur, C Jérôme du pauvre, Donald Duck sur Rhône, Sandra Kim barbu, branleur, tête de noeud, gland, niqueur de moustique nain... tu choisis, on manque d'imagination! Wild Classical Music Ensemble Un groupe dirigé par Damien Magnette (de Zoft), composé de musiciens aux handicaps mentaux divers. Pas comme dans Ex-Drummer, un handicap physique, Kim Verbeke: guitare et sampler/Rudy Callant: trompette, chant/Linh Pham: claviers, flûte, sampler, chant/le fantasque Sébastien Faidherbe: une basse sous forme de steel guitar tapotée à l'aide de sticks, chant et Johan Geenens: mélodica, cor tibétain, flûte, chant, souffrent de troubles mentaux à des degrés divers. Humpty Dumpty vient d'éditer un second album, 'Tapping is clapping' que la clique, magnifiquement soutenue par Damien Magnette aux manettes et aux drums, défend ce soir. Difficile de faire abstraction de leur infirmité mais force est de reconnaître que l'Ensemble a réussi à sauver la soirée du naufrage en nous offrant un concert haut en couleurs, énergique et vachement au point. On ne partagera pas les élans d'enthousiasme, proches de la crétinerie orchestrée, d'une partie du public, mais le show nous a plu, ému et souvent amusé. Départ indolent, 'Slowly' oblige, une guitare saturée, un chant incantatoire puis la plage vire funk rock tribal avec des pointes de free jazz ou de punk, devant autant aux Talking Heads qu'à James Chance and the Contortions ou à Ornette Coleman. C'est non seulement audacieux mais aussi terriblement hypnotique. 'De werkers' voit Linh, la néerlandophone, au chant, d'emblée tu penses à TC Matic, mais une nouvelle fois les interventions de Rudy te ramène vers un funk blanc désorientant. Johan semble être le plus dépendant, entre chaque morceau la gentille Linh vient manier la plaquette munie de dessins lui indiquant quel instrument manier. 'Koppig', l'obstiné de la bande c'est Sébastien, un Gilbert Montagné coiffé punk, c'est à nouveau Linh qui marmonne ce lament entêtant. Comment ça va? Vous n'avez pas trop chaud? Si vous avez soif, dirigez-vous vers le bar... Sébastien s'inquiète de notre santé avant d'entamer 'Lindsey' suivi par 'The Wind' qui n'est pas sans rappeler Tuxedo Moon. Linh manie un bâton de pluie tout en ponctuant un chant saccadé et inquiétant, à nouveau la trompette du calme Rudy nous mène sur des sentiers jazzy, tandis que la guitare sulfureuse du grand Kim rappelle Geoffrey Burton jouant avec Arno. 'Les Indiens' propose le chef, du rap explosif. Vas-y, Rudy, souffle, grand. 'Souffle' s'intitule ce morceau étonnant, proche de la musique improvisée ou de l'avant-garde pratiquée par un John Zorn. Voici Tapis, marmonne le Mod. Bernard? Tonton? Vérification, il s'agit de 'Tapping'. La rock star c'est bien Sébastien, il annonce, donne des ordres, s'enquiert de notre bien-être et s'énerve quand Damien Magnette vient régler son attirail. Plus d'une fois il aura fait rire toute l'assemblée. Un, deux, trois, quatre. 'Pussy Junky' est sur la voie. Merde, il veut pas que je joue 'Enquête policière', je suis déçu, on vous en joue une nouvelle mais je suis déçu... un dernier funk emballant, 'Water'. Merci, vous avez été bien, le premier groupe était super, l'autre aussi et nous on a été excellents! Salut! Franche rigolade et un bis, 'Enquête policière' sur fond d'afrobeats énervés. Allez encore une, bien allumée, 'Champignon'. Une magnifique réussite, un travail admirable de Damien Magnette qui a fait en sorte que l'auditeur fasse abstraction de la différence, de la notion de déficience, pour applaudir un vrai concert de rock. Aussi touchant que 'Le Huitième Jour' de Jaco Van Dormael! |
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