Isaac Delusion - Las Aves - Clara Luciani |
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11 mai 2017 |
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Ça y est, elles sont là, les Nuits Botanique, édition 24 et on ne peut pas dire que cette journée inaugurale démarrait sous les meilleurs auspices, une météo cauchemardesque, orages et pluies diluviennes, synonymes de merdier intégral sur les routes, tu te pointes rue Royale, les verrières de l'institution semblent avoir tenu le coup mais les galeries sont inondées et, en prime, un premier désistement, Last Train prévu à La Rotonde doit annuler son concert. Il en faut plus que ça pour décourager l'équipe du Bota. JP t'attend face à l'Orangerie, Clara Luciani peaufine son soundcheck. 19:30', l'accès à la salle est libéré, il suffit de patienter 30'. Clara petite lumière, la nouvelle coqueluche de la presse musicale de chez Macron, vient de sortir un premier EP, 'Monstre d'Amour', mais n'allez pas croire que cette élégante jeune personne soit une novice, ex-La Femme ou Nouvelle Vague, elle a également assuré les choeurs et manier l'harmonium pour Raphaël. En 2016, elle est récompensée par les Inrocks qui lui refile le prix des Inrocks Lab. Vêtue d'un ensemble pantalon noir d'un goût exquis, Clara paraît bien grande sur le podium de l'Orangerie. Pour l'accompagner, trois garçons doués: aux claviers, Alban Claudin (La Féline, Liset Alea e.a.), à la Rickenbacker ou à la basse, Benjamin Porraz et enfin, un remplaçant à la batterie, Mathias Fisch! La mélancolie latente étalée dans le premier titre 'Pleure Clara, pleure' nous renvoie vers Françoise Hardy, la gestuelle théâtrale et le ton grave de Clara séduisent d'emblée un public qui ne la connaissait pas. Elle saisit une guitare tandis qu'un orgue liturgique entame 'Monstre d'amour', un midtempo aux climats passant, avec grâce, du clair à l'obscur. L'heure est aux présentations: bonsoir Bruxelles, je m'appelle Clara Luciani. Benjamin a troqué la guitare contre une basse, son jeu saturé ajoute une touche rock au morceau 'Les fleurs', suivi par 'Ici' et ses accents post punk déchirants. La suivante est une adaptation de 'The Bay' de Metronomy, la version française s'avère moins poppy que l'originale. La basse pulse comme sur les meilleurs tubes disco tandis que Clara nous promène sur le chemin des douaniers pour admirer la calanque. Une franche réussite à laquelle succède l'hymne féministe 'La grenade', interprété solo. Alban la rejoint pour un nocturne piano/voce, 'Dors', la batterie et la basse rappliquant en fin de ballade. 'A crever' et ses élans dramatiques fascine et, lorsque en entamant ' La dernière fois', elle chante ...prends une photo de moi... JP obéit à l'injonction. Le titre, va t'en savoir pourquoi, te renvoie des flashes de Dani, une copine d'Etienne Daho. 'Eddy' (qui c'est celui-là?), est déchiré par une guitare cinglante et c'est avec 'Comme toi' à l'entrée en matière fracassante que prend fin ce set impeccable. Clara Luciani sera au BSF en août! Las Aves. Un groupe toulousain ayant sévi pendant dix ans sous la dénomination The Dodoz, ils se sont rebaptisés Las Aves fin 2014, certains se souviennent les avoir croisés au Bota avant The Dø cette même année. Dan Levy a d'ailleurs produit leur album, 'Die In Shanghai'. Sur scène pas mal de synthés, une guitare, une basse et un kit de batterie. Le blanc est de rigueur pour Géraldine Baux (elle doit suffoquer dans son training) , Adrien Cassignol, Jules Cassignol et Vincent Argiolas, qui débutent leur show par un dance track turbulent et ondoyant. On est très loin de l'univers de Clara Luciani, tu peux mettre ton cerveau au point mort et gigoter avec les gamines. |
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Ce que tu as fait sur 'First aid blanket' et 'Die in Shangai', les coloris cheap du synthé et les poses de guitar hero de la casquette chevelue peuvent paraître ridicules, mais ces écueils ne gâchent en rien le plaisir de la faune locale, d'autant plus que la voix flexible de Géraldine convient parfaitement au fond sonore. Las Aves nous baladent à 'Los Angeles', where it never rains, puis Géraldine et un de ses copains viennent gambader parmi nous tout en chantant 'Heartbeats' . La suivante est nouvelle, la formule reste identique, de l'electro-pop trépidante invitant à la danse. Un gros bourdonnement et des beats épais amorcent un instrumental techno, mais c'est ' N.E.M', un r'nb/hip hop futuriste qui déclenche l'enthousiasme chez Anna et Lucia, deux petites Madrilènes perdues à St-Josse. 'Perfect mess' , le single 'Antistar' et enfin 'Blue' achèvent la performance d'un groupe qui lui également se verra au BSF en été. 22:25', enfin, voilà Isaac Delusion! Le groupe parisien vient de pondre un second album, 'Rust and Gold' , la tournée de promotion fait un crochet par Bruxelles, ville dans laquelle ils étaient passés en 2015 lors des Nuits de l'époque. Loïc Fleury, le chanteur, précisera que depuis le groupe a peu changé, Jules Paco, Nicolas Bourrigan et Bastien Dodard sont toujours au poste, Cédric Laban est le nouveau batteur. Après l'intro, jouée sans le chef, celui-ci paraît et de sa voix caractéristique entame 'She Pretends', Son timbre androgyne évoque à la fois Jimmy Somerville et Mark Almond , mais la taille de basketteur du monsieur met fin aux comparaisons, pas de houpette à la Tintin ou de préciosité vaine mais une casquette prolétarienne. Sans prévenir le groupe a enchaîné sur ' Black Widow', un titre d'une grande richesse instrumentale, la voix escalade des montagnes invisibles puis visite des grottes sombres, tu penses autant aux Fine Young Cannibals qu'à Bronski Beat . Après un virage blues avec 'Luck and Mercy', Bruxelles fait la connaissance d' 'Isabella', le chant se fait plaintif , tes voisines tanguent. Si le mètre quatre-vingt-cinq et la voix de Loïc constituent un atout majeur, visuellement et auditivement, il serait sot d'ignorer le travail de ses comparses qui s'échangent constamment leurs instruments (basse, guitare, claviers), le drumming de Cédric Laban constituant l'assise indispensable aux voltiges des copains. C'est par un martèlement sournois que Cédric lance 'Cajun', en français dans le texte, décoré d'une séquence tribale en quintette avant un solo de basse à la wah wah qui aurait plu à Jaco Pastorius. 'Take the crown' joue la carte du groove nonchalant, il est suivi par le lumineux 'Midnight sun'. La setlist comprend encore 'A few steps', 'How much you want her' un white funk pendant lequel le basketteur s'autorise un petit pas de danse chaloupé. Le futur single' The Sinner' constituera un des points forts du set, ce rhythm'n'blues à l'ancienne a séduit les plus difficiles. 'Voyager' et 'Distance' nous conduisent au bout d'un voyage pendant lequel le public bruxellois a pu admirer de nombreux paysages bigarrés. Une légère déception se lisait sur les visages à l'issue du show, Isaac Delusion est parti sans jouer de rappel! |
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