Black Flower - BaBa ZuLa |
23 juin 2017 |
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Plazey fête son 25è anniversaire en 2017, un quart de siècle de concerts gratuits face à la Basilique de Koekelberg, chapeau! Cette année encore, De Zeyp, Platoo et Zinnema ont concocté une affiche attrayante. Le menu de ce vendredi prévoit: à 15h DJ Mukambo, à 18:30 Black Flower et à 20: 30 BaBa ZuLa! 18:20', un passage au Bar Eliza, histoire de se rincer les amygdales, puis direction le podium où un organisateur, plus ou moins bilingue, annonce Black Flower! Ce doit être en 2012 que, dans un jardin gantois, une fleur noire, à cinq pétales, voit le jour, la graine avait été ramassée dans l'eldorado de la Reine de Saba et en poussant elle a enfanté cinq feuilles pratiquant un afrobeat psychédélique au groove purulent. Les protagonistes ont pour nom: Nathan Daems: alt- and baritonsax, flûtes et compositions/ Jon Birdsong: cornet, trompette, percussions, et coquillages/ Wouter Haest: keys et clavinet / Simon Segers: drums et Filip Vandebril, sans lunettes: basse. Leur discographie compte quatre albums, le dernier, 'Artifacts' datant du début de l'année. Tu dis? Ces noms ne te sont pas inconnus, ben oui, Nathan s'est promené, e a, avec l' Antwerp Gipsy-Ska Orkestra, l' Orchestre International du Vetex, le Bazaar d’Orient ou le Paolo Marquez Group. Le Ricain, a creative force in the San Francisco Bay Area, a soufflé chez Beck, Calexico, avant de devenir un voisin de Bart De Wever et de s'amuser avec Think of One, Flat Earth Society, , Stijn, dEUS ou The Golden Glows. Simon, tu l'as croisé au sein des Beren Gieren, de Stadt, Maya's Moving Castle ou Absynthe Minded, mais il doit avoir joué avec 156 groupes, au minimum! Sans se presser, Wouter a pianoté chez Los Callejeros, Voodoo Boogie ou Morgenland et Fili, l'opticien, est cité chez l'Antwerp Gipsy Ska Orchestra, The Valerie Solanas ou Lady Linn. Après une longue intro ésotérique, le quintet nous embarque pour un trip en Ethiopie avec ' Abeba Zeybekiko'. Oublie ta philosophie rationnelle et laisse-toi bercer par les sonorités groovy d'un éthio-jazz d'une autre époque, celle qui vibrait avec Mulatu Astatke, Getatchew Mekurya ou Tesfa Maryam Kidané. Wouter se paye une petite poussée fiévreuse, il est relayé par l'alto de Nahtan. Dans la corne de l'Afrique l'astre tape si fort qu'il peut rendre fou, ne t'étonne pas si tu perçois de troublants phénomènes optiques à l'écoute de ce jazz du désert. Si l'air tremble et que tu crois voir une oasis au lieu des érables sycomores du parc et, si le cabot, tenu en laisse par Madame Schepmans, devient un chamelon mastiquant sa ration de feuilles de robinier faux acacia, c'est normal! Changement de saxophone pour la seconde plage, Nathan se saisit du baryton, il nous donne rendez-vous chez le notaire afin de prendre connaissance de ' The legacy of Prester John' . ... au-delà de la Perse et de l'Arménie, s'étend un merveilleux royaume dirigé par le prêtre Jean... si tu tiens à danser, essaye les mouvements du mambo et laisse - toi envelopper par les volutes esquissées par le sax et le cornet, dépaysement garanti! Plazey applaudit au terme du tableau, l'oiseau californien réagit: Brussels, thank you, we're pleased to play here, it is such a lovely scene for our music, ils attaquent le filmique 'Helios Victor'. Le lion de la Metro-Goldwyn-Mayer rugit. Une flûte espiègle entame ' Artifacts', la rythmique évoque Transglobal Underground. Rahman Bey, qui était dans le coin entre en transe, cette séance de mysticisme touche également une voisine qui semble léviter à 50 cm au dessus de la pelouse, moins drôle, un mamba noir la suit des yeux, ses intentions ne paraissent pas des plus catholiques. Heureusement, les képis veillent! Une petite tranche d'exotica pour suivre? 'Jungle desert', Wouter nous balance un solo de clavinet diabolique, Cheetah gondole, Tarzan somnole. C'est une évidence cette fleur noire ne pousse pas du côté de l'Eden, tu humes son parfum et c'est Lucifer qui se manifeste. La panoplie de flûtes utilisées par le leader du combo est impressionnante, il vient de ramasser un mini exemplaire, peut-être un kaval utilisé par les bergers turcs, pour entamer un blues désossé, 'Bones'. Jon, revenu d'un voyage en Polynésie, a ramené un coquillage géant qu'il utilise pour remplacer sa trompette portée chez le mécanicien pour un entretien. Cette plage obsédante précède 'Alexandria', dominé par les sonorités odieusement frelatées du clavinet. Funk et psychédélisme se croisent, comme si Herbie Hancock et le Led Zeppelin de 'Trampled Under Foot' s'étaient donnés rendez-vous à Koekelberg; Ces mecs ont le don de t'ensorceler sans avoir l'air d'y toucher. Il faut couper dans la setlist, timing oblige, le voyage s'achève par 'Abyssinia Afterlife', la longue plage titulaire de l'album datant de 2014. Lentement la caravane se déplace, les têtes des Bédouins se dandinent au gré des mouvements des camélidés, une certaine torpeur s'empare de tout ton être, le soleil, la fatigue, le silence.... il faut songer à dresser le campement et à abreuver les bêtes avant la tombée de la nuit, quand soudain un mouvement pétaradant réanime une flamme qui semblait vouloir mourir, ce n'était qu'un feu de paille, le voyage se termine, le soleil rouge s'est caché derrière les dunes. Bruxelles a ouvert les yeux et applaudi à tout rompre! |
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Avec 20' de retard, le même parfait bilingue annonce le Turkse Zappa: BaBa ZuLa! BaBa Zula personnifie la Movida d’Istanbul, un mouvement né au début du siècle pour une Turquie avide de modernité, c'était avant Erdogan. Le groupe voit le jour dans les mid-nineties, depuis plus de 20 ans ses live shows déchaînent le délire partout où il se produit. Il est emmené par l'incroyable Murat Ertel au chant et à l'electric saz, le mec, balafré et montrant des moustaches à faire pâlir Tarass Boulba, arbore une tenue de scène étonnante: un bonnet bariolé, tricoté par sa grand-mère ayant encore vécu du temps de Constantinople, une robe de chambre tout aussi colorée se mariant parfaitement avec un pantalon mauve et des sandales presque normales. L'autre membre fondateur, Levent Akman, a tout du savant fou, il est caché derrière une draperie et s'amuse à produire les sonorités électroniques ou tabasse divers engins percussifs quand il n'agite pas cuillères/castagnettes, que tu peux utiliser pour manger la fameuse soupe aux tripes servie dans les meilleurs bouis-bouis anatoliens. Tout aussi exubérant que les deux membres fondateurs, Periklis Tsoukalas, à la chevelure hirsute, la hantise de tous les friseurs de la région de Marmara, chante, vitupère et manie l'oud électrique, le quatrième élément, le plus calme, Ümit Adakale, se charge des percussions: darbuka ou hand drum. Le quatuor va ravir Koekelberg pendant plus d'une heure en envoyant un cocktail baptisé Istanbul psychedelia par la presse musicale, attends-toi à du dub, du blues, du rock, du Turkish gypsy folk et à des moments shamaniques, prépare-toi, en plus, à danser ou, si tu es du genre mystique, à entrer en lévitation. Leur dernier album date de 2016, le titre est explicite ' Do not obey', la Turquie insoumise, quoi..., 'XX' de 2017 étant a kaleidoscopic, career-spanning compilation en deux volumes. Démarrage lent, histoire de baigner dans la tradition sufi, très vite les résonances psychédéliques à tendance obsessionnelle invitent le public à l'état de transe. Une seconde tirade est amorcée en mode narratif, la morne mélopée prend une autre direction lorsque Ümit se déplace vers le devant de la scène en tabassant une grosse caisse, le lament prend des accents world fusion sauvages, les janissaires contrôlent, ils sont trois à descendre sur la plaine pour terminer le morceau parmi une foule qui danse. Toujours sur la pelouse, les spectateurs sont invités à s'asseoir et à former un cercle. Tandis que Levent tripote le sampler, ses copains interprètent un cantique caustique en position assise. Les freaks anatoliens regagnent le podium pour initier la plage suivante par un exercice percussif, après un cri guerrier du hérisson à carrure d'éléphant c'est reparti pour un psyche dub anarchiste. A deux mètres de nous, un comique carburant à la Martin's Pale Ale tiède, nous fait un numéro Un Singe en Hiver bien moins marrant que celui du duo Jean Gabin/Jean Paul Belmondo. Le sketch n'est pas vraiment apprécié par le comité organisateur qui a toutes les peines du monde pour éloigner l'énergumène de l'enceinte sur laquelle il était perché. On le prie d'aller cuver sa cuite sur le plancher des vaches tandis que le chef entreprend un discours électoral bien capté par la nombreuse communauté ottomane présente face à la Basilique. Pas chien, il annonce en anglais cassé: ' Eternal Is The Word of Poets' c à d 'Aşıkların Sözü Kalır' à Ankara. Délire total lorsqu'il profère ...listen to the poets not to the politicians... . A tes côté, Birsen, Dünya, Gülsün et Leyla dansent voluptueusement, imitées par quelques occidentales converties, timidement, tu t'y mets aussi, ce rythme étant irrésistible. Communion intégrale! Après un solo de darbuka étonnant, le quatuor reprend son périple psyche- groovy. Tout Plazey se trémousse, le chef de la bande fait de même avant d'entamer trois tours de pistes au pas de course tout en jouant du saz. Einstein quitte ses machines et vient nous jouer des castagnettes, la performance atteint son paroxysme, Plazey bout, BaBa Zula vient d'envoyer une dernière tirade fougueuse, puis Murat présente ses acolytes. Enthousiaste, la foule les acclame en vociférant, un rappel s'impose, Plazey sera exaucé! I need your help, people of Brussels, can you shout... Hey, Hey, Hey... je sais qu'il ne nous reste que 5 minutes, c'est assez pour qu' un groupe pop balance trois chansons, pas nous. Are you ready...hey... 500 gorges répondent ...hey... et 1000 pieds entament une danse rituelle sur fond de saz saturé. BaBa Zula: une expérience à ne louper sous aucun prétexte si le groupe passe dans le coin! |