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24 avril 2017 |
Marcus King, le nouveau phénomène de la scène blues, a bien évidemment rempli la petite salle du Boulevard Anspach, Désormais tous les aficionados de soul-influenced psychedelic southern rock savent que le jeune protégé (à peine 21 ans) de Warren Haynes (Allman Bros, Gov't Mule) est la nouvelle étoile de la guitare, une pépite douée d'une maturité invraisemblable, en tenant compte de son âge, à ne rater sous aucun prétexte. Il fallait arriver tôt pour avoir la chance de se caser en première ligne et de patienter plus d'une heure avant le coup d'envoi d'un concert pour lequel aucun support n'était prévu! 20:35', ils sont là, tous les six: Dean Mitchell - sax / Justin Johnson - trompette, trombone, chœur, tambourin / Matt Jennings - orgue, claviers / Marcus King - guitare, voix / Stephen Campbell - basse et Jack Ryan - batterie. Aucune trace de setlist (à chaque concert, il innove), le marathon, basé sur les deux albums du jeune homme au galurin décoré de plumes (Soul Insight et The Marcus King Band) et sur quelques reprises pétries à leur sauce, très confiture, peut commencer! C'est par un bref, hey, how are you doing, que Marcus salue l'assistance avant d'adresser un one, two, three, four à ses copains et de lancer la machine à fond la caisse. Les sonorités Southern rock graisseuses (auxquelles s'ajoutent un trombone et un sax noirs) du premier titre rappellent aussi bien les frères Allman que le Band of Gypsys de Jimi et quand Matt Jennings vient pianoter son Hohner Clavinet D6, t'as les entrailles retournées. Morceau à peine achevé, le gamin implore put your hands together, Brussels. Jack, une bête, imprime un rythme soutenu, toute l'équipe le rejoint pour 'Ain't Nothing Wrong With That', a soulful track rappelant la grande époque de Stax, la guitare se permet une envolée lyrique du plus bel effet, les cuivres nous renvoient du côté de Memphis, la salle savoure. You know, it's our first time in Belgium, sourit-il, mais on sent qu'il n'a pas de temps à perdre en racontant des balivernes, il a déjà entamé un downtempo dégoulinant, de sa voix plaintive il marmonne... don't cry teardrops... la madame à tes côtés, du coup, sèche une larme récalcitrante! Next one comes from our first album, l'instrumental 'Fraudulous Wave' mixe groove et Santana riffs, Justin nous place un solo de trompette dans la lignée de Blood, Sweat and Tears, l'orgue se fait jazzy, le sextet jamme à gogo, Bruxelles vibre. Pas de pause, la plage se fond dans un méchant rock pendant lequel les musiciens improvisent de manière impertinente, après un duel guitare/orgue, le saxophone place une digression juteuse, il n'y a pas à dire, Marcus laisse la porte ouverte et les acolytes s'en donnent à coeur joie. Sans prévenir le morceau vire 'A change is gonna come' de Sam Cooke, cela suinte de partout, la marée monte et redescend, ce flux et reflux incessant comble les estivants venus profiter de la grève. |
Un signe aux copains semblant signifier on joue ça, ok, et c'est parti pour un slow blues, 'Opie' (?) dans la lignée de Stevie Ray avant de revenir au rock sudiste vagabondant entre les cactées et genévriers. La mécanique est bien huilée, tous les maillons de la chaîne exécutent leur boulot à la perfection, pas de pétarades inutiles, tout tourne à merveille! On n'avait pas encore eu droit au gospel, ça vient, 'Wade in the water' doit dater de 1901 et se retrouve au répertoire de braves gens comme Bob Dylan, le Golden Gate Quartet, les Staple Singers, Tedeschi Trucks Band (tiens, tiens) ou PJ Harvey. Matt nous ressert un solo de Hohner plus piquant que ceux d'Yvette, l'accordéoniste. Il a à peine fini son laïus que la guitare embraye, puis une trompette jazzy sort ses atouts, sans prévenir la clique a abordé une nouvelle salve rappelant le 'Roxanne' de Police, Marcus et Justin se partageant les vocaux. La température dans le club avoisine à présent 86° (Fahrenheit, hein), le cowboy ne s'en plaint pas et repart de plus belle, le voyage offre toujours des paysages roots variés: du blues, parfois heavy, de la soul, du rock sudiste, de la fusion, du funk, du swamp, du Dixie rock, lorsque tu crois que le morceau va s'éteindre à petit feu, un coup de vent inattendu transforme la dernière braise en flammes vives et le feu reprend de plus belle. Matt Jennings nous la joue Gregg Rollie, la guitare gémit, le chanteur pleure, le flot de larmes s'interrompt pour faire place à un solo de batterie, sans crier gare, le guitariste revient à la charge, puis les cuivres, le public ne sait plus où porter son regard, ça canarde de partout. Après ce baroud, Marcus annonce un titre qu'il a composé l'automne dernier suivi par 'So cold' un r'n'b ruisselant qui est prévu pour le prochain album. Les jams se succèdent, la suivante permet aux Bruxellois d'étaler leurs talents vocaux grâce à un refrain proposé en singalong. Tu dis, Marcus? ...I can't waste my time... on l'a bien compris, fieu, toujours sans escale, la tribu a entamé un passage où les cuivres nous rappellent au bon souvenir des JB Horns du Godfather of soul. Soudain, l'assemblée reconnaît les mesures de 'Papa was a rolling stone' et se joint aux choeurs… wherever he laid his hat was his home... euphorie générale. En jetant un coup d'oeil à sa tocante, la trompette s'est rendu compte de l'heure: 22:30', heure fatidique signifiant le baisser de rideau. Il fait signe au chef qui décide d'en placer encore une avant d'aller vider sa bouteille de Jack Daniels, pour la dernière fois le timbre si particulier du guitariste te prend à la gorge, et cet ultime rhythm'n'blues, traitant de la solitude qui tue un homme, achève un set de deux heures qui a laissé le Club KO. Sans curfew le Marcus King Band jouait jusqu'à minuit! Quasi unanimité dans les réactions d'après concert: two hours of musical bliss! |
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