1 mai 2015 • lessines
Sixième édition du Roots and Roses Festival.
A l'aube, le gazouillis des troglodytes, pinsons, fauvettes et chardonnerets annoncent une journée radieuse, cap sur Lessines en compagnie de fotoman Luk en familie. Sur place à 10:45', le temps de saluer le comité organisateur sur la brèche depuis des heures, Fred a manqué l'office des Laudes, on fonce vers la Stage 'Roses' où The Glücks doit entamer le marathon dès 11:00. Fait inhabituel, suite à quelques embarras techniques le concert commencera avec 20' de retard. Voyons le côté positif, ce laps de temps a permis de peupler décemment la tente, ainsi la pas répugnante Tina Ghillebert (drums, vocals) et le chevelu Alek Pigor (guitar, screams), alias The Glücks, winnaars van Westtalent 2013, joueront devant une assistance honnête qu'ils n'auront aucune peine à séduire. Genre? Non, Philippe, pas de l'opéra à l'esthétique gluckiste mais du garage neurasthénique à l'esthétique Jon Spencer meets Madensuyu und ze Black Box Revelation. Un grognement de bienvenue, le garage ouvre ses portes, les mécanos n'ont pas peur de se mouiller, ni de se salir, le cambouis est à l'honneur. Pas de setlist, niet nodig, mais plusieurs extraits de leur EP au titre explicite 'Blow my mind'. Une guitare échevelée ne dédaignant pas la disto, un jeu robuste à la batterie, un chant impulsif et vicelard, le garage dans toute sa splendeur, quoi! Some rock'n 'roll at 11 in the morning, c'est comme avaler un pur malt au petit déjeuner, mais finalement ce mix de blues crasseux à la Cramps et de rock binaire, parfois punky, peut remplacer la leçon de gym à la TV. This song is about something we don't have annonce Alek avant d'attaquer 'Money', plus hargneux que celui des Beatles. Tina au chant pour 'On the road' pendant lequel son copain se paye un tour sur les enceintes, ils nous balancent encore deux brûlots incandescents, l'un avec quelques relents Janis Joplin puis ce breakfast rock se termine par un plongeon audacieux d'Alek sur la batterie de la petite Tina, surprise par l'idée saugrenue de son copain. Rock'n'roll! Scène 'Roots': Boogie Beasts Nos deux ardennais et leurs copains limbourgeois ont déjà fait cinq fois le tour de la scène blues belge, tu les as croisés trois ou quatre fois, leur boogie /garage/blues plaît aux masses, il te laisse assez indifférent. A Lessines, Jan Jaspers (chant, guitar), Lord Bernardo (mouth harp), The Goon Mat (vocals, guitar) et Gert Servaes (drums) ont fait (et bien fait, il faut le reconnaître) ce qu'on attendait d'eux: chauffer le chapiteau à l'heure de midi. La t° agréable pousse à la consommation, les bières locales, servies par une équipe de bénévoles souriante, a coulé à grands flots. 'BRMC', un premier boogie pas dégraissé, précède ' Would you please shut up', une prière adressée à une madame dont nous tairons l'identité, si tu reconnais les talents jacasseurs de ta conjugale dans la description donnée par BB, nous déclinons toute responsabilité. Le blues enflammé ' Soul on fire' précède 'Who'll be the next one' de Howlin' Wolf, une version musclée. Pour les apiculteurs, 'Honey White' et pour les amateurs de Monopoly, 'The game'. La Wallonie et la Flandre alternent le chant, le brave Gert assure la rythmique à lui seul, le Lord digresse à foison, tout baigne, voici 'Vegas', 'Running like a dog' et le handclapping track 'Hey hey hey'. On termine façon farandole avec ' Disco blues' dont on aurait pu se passer, ceci dit c'était le titre préféré des folles du coin. 'Roses' Stage: Louis Barabbas and the Bedlam Six. La foule à Pilate: "Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas.", on crucifia Jésus, Barabbas entre dans l'histoire. Aber, Louis Barabbas n'a rien à voir avec la Bible, ce gars coiffé d'une casquette plébéienne, grattant une guitare et se démenant comme un beau diable, dirige un combo, the Bedlam Six, proposant un cocktail bien foutu de cabaret/rock/gypsy swing/polka/folk/jazz haut en couleurs et festif. Myriam te glisse, ils sont de la famille Urban Voodoo Machine, ces derniers étant plus loufoques toutefois. Sur scène, probablement: Louis Barabbas aux vocals/guitar - Matthew Cleghorn, coiffure Marty Feldman, pas de strabisme, guitar - Tom Cleghorn, drums - Fran Lydiatt, claviers - Biff Roxby aux trombones et Dan Watkins, basse. JP Smismans nous éclaire: London hospital first to specialise in the mentally ill and origin of the word "bedlam" describing chaos or madness, attendez-vous à un traitement psychiatrique! L'inquiétant 'Mother' ouvre les hostilités, on sent l'influence de Tom Waits dans ce gypsy rock burlesque. Merci, bonjour, voici, ' I ain't done' tout aussi déjanté que sa mère, à Tom Waits, on ajoute Gogol Bordello. Pendant 'Thick Carpets', le petit Louis se prend pour Zizi Jeanmaire faisant admirer un jeu de jambes agile qui aurait pu l'amener au Crazy Horse s'il n'avait été chauve. Les fringants 'Woe Betide You' et 'Tonight' sont tout aussi divertissants, ils précèdent une valse mortuaire, 'The debtor's wife'. Next one is about a dog, un chien, pour les flamands, ' The tell-tale hound', un charleston canin. Harry réagit: I feel like I need to get drunk and have the Big Bad Wolf punch me in the mouth for never hearing this band before.... tu comprends fort bien et commande deux Moinettes, une pour usage immédiat, la suivante pour dans 5 minutes! Faut se calmer, une ballade, ' Dripping with dew' avant de cavaler avec le diable 'The devil and the hole'. Il y en a pour tous les goûts, on continue avec une torch song, 'Let me down slow', suivie par l'horrible histoire de 'Matilda and Claude'. Retour du côté des tziganes fous avec 'Mary', ça déménage sérieusement sur le podium, ça rigole sec plus bas, puis un gars leur fait signe: plus qu'une, messieurs. Ce sera le dramatique 'On your own now'. Louis Barabbas and the Bedlam Six: hautement recommandable! The Hackensaw Boys. ('Roots Stage') La coutume veut que Roots and Roses programme un bluegrass act, le choix (excellent) s'est porté sur les gars de Charlottesville, les Hackensaw Boys, un groupe écumant plus les podia néerlandais que nos scènes nationales. Le band est né en 1999, le line-up a été fluctuant, David Sickmen, hello I'm Cassius Clay (guitare, chant) semble diriger l'ensemble - aux percus (charismo) Brian "Nugget" Gorby - fiddle, barbe imposante, Ferd "Four" Moyse - Jimmy "The Kooky-Eyed Fox" Stelling au banjo et Jon Goff est annoncé à la upright bass. Comme il se doit, ils sont tous sur une ligne pour entamer le set par un uptempo bien emballé. Le banjo attaque le country suivant, tes pieds battent la mesure, Carole, la cinquantaine pas avachie, lance un ‘yééhaa’ qui en dit long, l'enthousiasme des Ricains est communicatif, leurs harmonies vocales sont impeccables, au loin deux vaches se font les yeux doux en entendant ce bluegrass appétissant, il est temps de passer à une romance, sinon le lait risque de tourner. Ce moment de quiétude est vite oublié, les Boys passent à la vitesse supérieure, pour te faire une idée tu écoutes 'F D R', un véritable tourbillon t'invitant à la farandole. Faut pas venir nous raconter que la country c'est ringard: accords bravaches, cavalcades périlleuses, banjo bondissant, violon plaintif ou allègre, chant choral enjoué et dans ce cas-ci un percussionniste s'amusant avec son brol bricolé appelé charismo, Lessines ne s'est pas emmerdé une minute aux facéties des ces bouseux farceurs et talentueux. ' Ruby Pearl' doit faire fureur dans les saloons en Virginie et ' Dance around' voit quelques madames entamer une country dance improvisée. Le terminus est proche, deux dernières cartouches dont le midtempo 'You want me to change but I won't' avant de remballer le matos. Un set apprécié à sa juste valeur. Au pas de course vers la 'Roses' stage car tu ne veux rien manquer du gig des Daddy Long Legs. L'an dernier le trio mené par Brian Hurd (mouth harp, vocals) s'est affirmé comme étant la révélation du Sjock Festival, à Lessines ils ont été le premier groupe a créé un accès d'enthousiasme fort compréhensible, leur trash blues énervé a secoué toute l'assistance. Ryan Henriquez écrit "Brian Hurd (aka Daddy Long Legs, car il n'est pas du genre nain de jardin) is the best blues harmonica player I've ever seen or heard", ses complices valent le déplacement également. Ryan, Murat Aktürk est du genre guitariste flamboyant aussi à l'aise à la slide que dans le power blues aux riffs assassins, aux drums (un kit allégé) John Styles a un style bien personnel qui groove un maximum. Le trio débute par l' enragé ' Death train blues', un tortillard qui risque de t'emmener sur les rives du Styx. On cite la bande annonce judicieuse du Kilkenny Roots Festival: " Daddy Long Legs growls, barks, yelps, and wails without sounding like an imitation of anyone or anything." Le trio poursuit par une seconde salve tout aussi fiévreuse impliquant une visite chez le toubib...I went to the doctor... les bluesmen ont une santé fragile. Lessines bout, après un troisième rock énervé, le lange décide de calmer le jeu avec le slow blues qui tue, 'Blood from a stone', Murat faisant admirer tout son talent à la gratte. Un petit boogie, les gars, dans la lignée du 'Boom Boom' de John Lee Hooker, 'Evil eye', une plage de leur premier LP. A fond sur la pédale d'accélération, la mobylette sonne comme un hélicoptère survolant les lignes ennemies, voici le pétaradant 'Motorcycle madness'. John Styles, au devant de la scène, secoue ses maracas, ce ' Chains a rattlin' c'est pas du jus de pissenlits. On passe à un rock fébrile style ' Shakin all over' et sans pause, 1, 2, 3, 4, 'Flesh Eating Cocaine Blues' pour celui qui tient à maigrir. Le secouant 'Shackin' up' et sa slide qui patine voit une voisine se taper une crise épileptique, tout le monde s'en branle. A deux sur les enceintes, en laissant John Styles derrière sa batterie, ils nous balancent un 'Big road blues' fumeux avant le rock saignant qui termine ce set brillant. Détail, John fait allusion à nos Kids en se référant à leur 'Bloody Belgium', nous prouvant que les Ricains ne sont pas tous incultes. Ne rate pas ce combo s'il remet les pieds chez nous. Rory Block (Roots stage) Aurora Block, au service du Delta blues déjà depuis 51 ans, 5 Times Blues Music Award Winner, indique que cette tournée is the ‘Final Farewell Tour', une information que JP Smismans semble contredire après avoir causé avec la madame. Anyway, on voulait y être après avoir, pour la dernière fois, croisé sa route en 2009 au Swing Wespelaar. Une vieille chaise d'école attend l'arrivée de la frêle sexagénaire, la voilà portant lunettes de soleil et bottes à talons aiguilles, pas vraiment l'air d'une mamie, Rory! Celle qu'on qualifie de "one of the greatest living acoustic blues artists” débute par 'Crossroad blues', ce ne sera pas le seul titre de Robert Johnson de la soirée. Une voix toujours assurée et un jeu impeccable, ça s'annonce bien. Elle remue sur son vétuste siège, I need another chair, mon arrière-train délicat souffre, tous les responsables sont au bar, aucune réaction, ok, je planque la serviette, ne vais pas suer, sous mes fesses. Next blues is from Son House, 'Death letter blues', Rory la reine du Delta, faut pas croire ses papiers qui indiquent born in Princetown. Un petit exposé expliquant les connexions du blues et du gospel pour introduire 'Preachin' blues' du même Son House. Elle poursuit la lecture de l'héritage Delta Blues avec notamment une reprise de McKinley Morganfield, mieux connu sous l'appellation Muddy Waters. Ensuite elle s'attaque à un autre géant, Mississippi John Hurt, et à son 'Frankie and Albert', un country blues rythmé. Après avoir révélé avoir collaboré avec Steven Johnson, petit-fils de Robert, elle nous propose le fameux 'Me and the devil' avant de choisir Rev. Gary Davis et le gospel 'Lo, I be with you always'. Les confessions d'une blues singer se poursuivent, Lessines entendra également une Irish ballad aux consonances 'Amazing grace'. C'est avec son hit 'Lovin' Whiskey' que Rory Block prendra congé de nous. Un set relativement court, sobre et attendrissant. End of part one! |
Part two
Il est passé 16h, back to the roses, gaffe aux épines, voilà The Computers. Peu connus des amateurs de blues, d'americana ou de roots, mais t'avais déjà croisé ces machines au Witloof en 2012. A l'époque tu notais: Il est grand temps que t'ailles voir les Computers avant que ces voyous ne soient tête d'affiche lors des grands festivals.... Depuis les gamins ne se sont pas assagis et ont sorti quelques galettes chez One Little Indian, dont le LP 'Love Triangles Hate Squares ', plein de rock carré teinté de soul pop, de garage, d'éléments bluesy et de genuine rock'n' roll. Alex Kershaw – lead vocals, guitar/ Fred Ansell - guitar, piano/ James Mattock – guitar/Thomas McMahon – bass guitar et Aidan Sinclair– drums, voilà le line-up annoncé, une formation bien différente de celle que tu vis au Bota, mais une énergie encore plus débordante. Ils se pointent, impeccablement fringués Mod, Paul Welller est jaloux, après la petite musique d'ambiance, une déflagration assourdissante, ils nous balancent 'Weighed Down' ( pas sur le CD) scandés à trois voix. Certains citent les Hives, pas con, on peut aussi voir du côté des British bands des sixties, Pretty Things, Small Faces, etc... Alex a déjà escaladé les enceintes avant de venir saluer les photographes dans le pit. Jeannot, j'utilise ton crâne pour regagner le podium, bouge pas, petit! 'Bring Me The Head Of A Hipster', il compte le scalper ou carrément utiliser une hache? Salement méchant surtout qu'ils insèrent you keep on knocking but you can't control dans cette berceuse. La foule s'agite, les petits gars d'Exeter passent à la suivante, 'Love Triangles, Hate Squares', un brin de Stones, de Britpop excité, de garage crasseux, a motherfucker beat, clap on it, braves gens, et toi aussi, pépé. Sont hargneux, ces Rosbifs, notons le travail impeccable de Fred au piano, forcément, tu penses à Jim Jones Revue. Yeah, 'Mr Saturday night', Alex campe sur les hauts-parleurs, les roadies suent à tirer le câblage ou à ramasser les pieds de micro, nouvel emprunt aux origines du rock, 'Tutti Frutti', ces sauvages ont tout compris, le seul mec dans la tente à ne pas apprécier se nomme Mario, un fan de Mike Brandt. Keske il fout, vlan, il catapulte sa guitare dans la fosse où un technicien la réceptionne adroitement. Un petit jeu répété trois fois, les photographes paniquaient. Sur leur premier CD, 'Rhythm Revue', d'une bestialité Little Richard. Un bref moment de quiétude suit grâce à la teenage romance 'CRUEL', tu épelles sii aa iou ii èl. Le piano attaque ' Call on you', aussi bon que les meilleurs The Jam. Alex, où tu vas, il a aperçu un mulot et escalade l'échelle le menant vers les projecteurs. On s'emmerde pas un poil de seconde à un show des Computers. L'apothéose avec 'Music is Dead', hurlé dans une foule en délire qui est chargée d'élever James Mattock dans les airs pendant qu'il balance ses riffs carnassiers. Un show athlétique qui fait du bien! Hell's Kitchen Changement de cuisine sur la scène roots, des compatriotes à Guillaume Tell pratiquant un blues urbain rocailleux lorgnant vers le country rock. L'équipe travaillant aux fourneaux: Monney B. : voix, guitare/Ryser C : contrebasse et Taillefert C: percuterie, drums. Explication, percuterie = tambour de machine à laver, poubelle récupérée à la décharge de Genève, ville réputée pour sa gestion des déchets. On démarre au petit trot, faut ménager sa monture, ' Hey Ho Chica', sympa, exotique, mais après The Computers, ça la fout mal. Bottleneck et dirty boogie blues 'GIGE', Monney B en formule rocking chair. On poursuit en mode boogie râpeux, 'Teachers', quelques intonations Tom Waits en prime. Sur notre dernière plaque, 'Since I was a child', une petite rengaine que vous pouvez accompagner en battant les mains. La suivante se nomme 'Let's go cat go' un blues félin aux relents Neil Young. Les amateurs de blues bricolé sont ravis, d'autres paroissiens estiment que cette tambouille manque d'épices, faut pas demander ce qu'on va nous servir au paradis. Les cuistots laissent mijoter à petit feu d'autres blues comestibles: 'Stay in my block', 'Monkey' pour les amateurs de corned beef qui n'est pas fabriqué à base de boeuf, etc... pour toi, il est l'heure de passer à table, tu te tires sans régler l'addition. Romano Nervoso (Roses) .. j'ai les cheveux couleur corbeau... Je viens du fond de l'Italie, et j'ai l'accent de mon pays, ''italien jusque dans la peau''... en choeur je suis rital et je le reste, arrivedercci roma Bienvenue à La Louvière, capitale mondiale du Spaghetti Rock. Giacomo Panarisi et compagnie viennent de sortir un second album, 'Born to Boogie', ce sont de bons copains à Fred le maréchal, le public, zowel de Walen que les flamands les ont plébiscités pour le haut de l'affiche du Roots and Roses. Pas besoin de se prendre la tête avec Romano Nervoso, les rois du second degré, du glam de pacotille, du rock baraki à consommer avec du Bardolino ou du Sangiovese bas de gamme, si t'as vraiment les moyens, essaye le Brunello. Une intro hilarante, histoire de situer le personnage, "A la moutouelle, que la vie est belle", gaffe à la NVA tout de même.. Voilà le playboy de La Louvière et ses sbires, 'Not born in the USA', tous les clichés glam sont là, et histoire de faire la nique au Boss, on parodie à gogo. L'histoire d'un garçon et d'une fille, non pas Bob et Bobette, ni Roméo et Juliette, 'The Story' sur fond de gros rock voit Romano montrer son futal à paillettes, membre mis en valeur, aux nanas des premiers rangs, le fil du micro ne lui permettant pas d'aller chanter l'aubade à Simone Van der Slagmolen, planquée au fond de la tente. Les titres intellectuels se succèdent, 'The feeling', 'Glam rock Christmas' avec brins de muguet, 'Superstar', le slow pour tomber les baisables comme il dit, 'Psicotico blues', puis pour Myriam et Fred, la reprise personnelle, pimentée Wallonie profonde, de l'hymne composé par son copain Fred Lani, 'Roots and Roses'. Autodérision rime avec rock'n'roll ce soir. Une cover? OK, 'Nice boys' (don't play rock'n'roll) avec en guest un autre spécimen échappé du zoo, Gregory Triest des Sons of Disaster. L'artillerie lourde en action: 'In the name of the Lord', 'Power of love', la perle' Straight out of Walifornia'et bien sûr l'imparable 'Mangia Spaghetti'. Aline c'est pas rital, on la transforme en 'Maria', direction la spiaggia. Un triomphe. Vite vers la Roots stage pour le clou du festival: The Excitements. Les Catalans avaient été forcés d'annuler leur venue l'an dernier suite à un décès, ils avaient promis d'être présents en 2015, et le moins qu'on puisse écrire c'est qu'ils ont rempli leur contrat à la perfection. Jean-Claude de l'Excelsior à Jette, qui devait les couver: "Que rico conocerlos, gracias for those great moments of soul!". Prélude, lors du tour de chauffe ('Fatback'), tu ne reconnais pas tous les musiciens, leur facebook dit Adrià Gual - Rhythm Guitar; Daniel Segura - Bass Guitar; Jordi Blanch - Tenor sax; Nicolás Rodriguez-Jauregui - Baritone sax; Antonio Torres - Drums, donc déjà une équipe différente de celle croisée au Depot en novembre 2013, lead guitar, Albert Greenlight lit-on, il y a un hic, le seul à disposer d'une setlist est le lead guitariste, il n'a pas l'air d'un green light, on le questionne plus tard, il s'agit de Sebastià Burguera, un hidalgo talentueux qui à Lessines se produit pour la seconde fois avec The Excitements. Voilà la sexy Koko-Jean Davis, petite robe moulante noire s'arrêtant juste sous les fesses, un sourire carnassier, la fiesta peut commencer, hello everybody, I'm gonna make you move, promet ce démon! 'Take the bitter with the sweet'. Envoie tout, bébé. Toujours ce chant persuasif et ces déhanchements lubriques, et derrière elle, ce band nickel. Il n'y a pas mieux comme soul act en 2015, et toute l'écurie de chez Daptones, rétorques-tu? Oui, oui, ils sont fameux, mais trouve-nous une chanteuse aussi hot que Koko-Jean chez les Ricains et on te paye une cerveza... Naomi Shelton, Sharon Jones, super chanteuses, mais pour les wet dreams, tu oublies! ' Don't you dare tell her', I am no sinner, babe, affirme Koko, peu de gens la croient! A la Sam and Dave, ' Sometimes too much ain't enough', le moteur turbine à haut régime, les photographes se bousculent pour prendre le cliché le plus affriolant, derrière les nadar, Lessines danse, le pari est gagné après trois morceaux. ' I found a little girl- Found myself a man', elle n'a pas dû chercher longtemps, te glisse Hubert. Koko se pose des questions: ' Tell me where I stand', je suis quoi pour toi? Dans l'assistance, ils sont 429 à vouloir prendre la place de ce connard, Koko, pleure pas, ne le supplie plus, I need you babe, etc... on va s'occuper de toi, juste le temps de se débarrasser de madame! Le hit 'Ha Ha Ha' est accueilli avec des cris d'allégresse, Sebastià mitraille comme Steve Cropper, les cuivres s'échauffent, les autres assurent un train infernal. A lovesong, 'I've bet and I lost again', le style de slow qui arrache les tripes et te refile des frissons même si le thermomètre indique 36°. D'un pas sautillant elle se dirige backstage, sa robe se dégrafe, un mec tient à l'aider, ' Keep your hands off me' . M'enfin, je voulais aider! 'Fishing pole', vais émoustiller le nouveau guitariste, pas de jaloux, après je m'occupe des sax. Le trip vintage soul se poursuit avec l'agité 'Right now' suivi par ' That's what you got' et puis elle jure ' I believe you', un truc que ta conjugale ne pense plus depuis cent ans. The Excitements terminent ce set sulfureux par 'Whip it on me', Koko Jean d'un petit saut délicat se retrouve dans le pit des photographes, vient serrer une trentaine de mains tendues, un costaud la dépose sur scène où elle achève cette dernière bombe. Toute la tente gueule, le band revient pour un bis, le slow dramatique ' I need you', elle pleurniche couchée sur le sol, c'est poignant, t'es sur le point de lui balancer un kleenex quand le morceau vire uptempo et prend une tournure 'Shout' agitée. Un dernier salut avant la douche. Quelle corrida! Dernier passage du côté Roses pour Mudhoney. Le band de Seattle ne fait pas partie du big four du grunge, Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains, pourtant ils sont là depuis le début, 1988. Un trou de 5 ans après les huit premiers albums et en 2013 sortie de 'Vanishing Point'. En 2015, ça dit quoi Mudhoney? On te rassure ils sont loin d'être usés, chez eux l'énergie et la simplicité priment, ça bastonne méchant du début à la fin, une puissance sonore jubilatoire, dixit Alexis, qui ne jure que par le grunge, tu ajoutes la voix de faucon de Mark Arm et tu comprendras que les survivants du festival ont failli se faire broyer par un rouleau compresseur. Mark Arm, Steve Turner, Dan Peters et Guy Maddison débutent par 'Into the drink', de boisson ils ne sont à court, chacun dispose d'une bouteille de pinard. 'I like it small' sonne punk,les quatre mots martelés pénètrent dans ton petit cerveau pour ne plus le lâcher. Place au midtempo massif, 'Where is the future', tous les premiers rangs headbangent en mesure, sur scène, pas de fioritures, de l'efficacité, et surtout un boulot incroyable du guitariste Steve Turner, déjà présent au sein de Green River. A 50 balais, ce gaillard maîtrise son sujet à fond. Les morceaux rageurs défilent, un condensé de leur 25 ans de carrière: "F.D.K. (Fearless Doctor Killers)",'1995', ' Judgement, Rage, Retribution and Thyme', 'Flat out fucked', 'Sweet Young Thing '(Ain't Sweet No More), la reverb et/ou la disto règnent en maître, Mark le blond scande ses lyrics, on te le répète, ces gars sont aussi dangereux que Roberto D'Orazio dans son caterpillar. 'Touch me I'm sick', Francine vas-y, je souffre d'aphenphosmophobie. Quoi encore, Mark? ' What to do with the neutral?'. On les élimine, fieu! Les spectateurs des premiers rangs ne donnent pas l'impression d'être neutres, ils se sont mis à secouer sévèrement les barricades, les bénévoles de la sécu en renfort, faut calmer ces émeutiers. En haut, la fusillade continue, 'I'm now' puis 'The final course'.Le chef vient s'asseoir sur une enceinte pour admirer ses potes qui amorcent ' The Money Will Roll Right In' de Fang. Faux départ, second faux départ, un cri furieux, le bref 'Chardonnay', le titre préféré des viticulteurs. Une dernière cartouche est tirée, le vicieux 'The Only Son of the Widow from Nain'. Salut, merci,à la prochaine. Heureusement, ils reviennent pour un double bis, la foule parlait de lyncher un ou deux bénévoles, dont 'Here comes sickness', un constat lucide. Dernier chapitre, bienvenue dans l'univers mystique de Wovenhand. David Eugene Edwards, tu l'as vu avec 16 Horsepower, tu l'as croisé pour une aventure solo, ici à Lessines, aux Halles de Schaerbeek, il assurait la partie musicale de Blush de Wim Vandekeybus, un grand souvenir etenfin, tu l'as connu Wovenhand. Ce grand copain de Bert Dockx,, The Flying Horseman, est un habitué de nos terres. Fred et Myriam sont fans, même si lors de sa dernière visite, il a libéré les lapins du jardin d'enfants, endroit où les artistes se changent et se délassent avant ou après le spectacle. Que David soit légèrement allumé et que sur scène il ne discerne pas le public mais entre en contact avec des forces de l'au-delà ne change rien à l'admiration que lui porte des milliers de fans. 2014, un nouvel album, 'Refractory Obdurate', sur scène de nouveaux accompagnateurs, on avance dans le noir: Charles Edward French, guitar/Ordy Garrison, drums et Neil Keener, bass. Les photographes ne rigolent pas, trois photos, une scène baignant dans l'obscurité quasi totale, un halo lumineux éclairant la batterie, puis auf Wiedersehn. Première incantation 'In the temple', coiffé de son éternel chapeau décoré d'une plume, le shaman impressionne, une voix trafiquée, un look absent, la messe a débuté, mes chers frères! 'Hiss' sur le dernier né, du stoner psychédélique avec un grand guitariste, nettement plus agité que le pasteur. Toujours aucune concession, geen bindtekst, une gestuelle psychotique, des petits pas de ballerine mécanique, voici le redoutable 'Closer'. Même intensité pour les suivantes, 'Maize', 'Masonic Youth', 'King O King', laisse ton âme suivre celui qui te guidera vers le salut. Merde, Marie-Jeanne, je planais et tu renverses ta moinette sur mon froc, connasse! Wat zeg je, Luk? Encore un ou deux morceaux et on prend la route de Bruxelles pour éviter la cohue finale. Ok, fieu! Après 'El-bow' et 'Corsicana Clip' nous quittons l'arche et laissons à regret David Eugene Edwards achever son trip mystico-tribal. Roots and Roses 2015? Un cru impérial! |
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